Les origines

À l’aube du XXème siècle, le médecin de marine Victor Segalen (1878-1919), écrivain et sinologue, effectue plusieurs missions en Chine, avant de s’y installer pour cinq ans. Grand amoureux de ce pays, il le parcourt inlassablement, au cours de voyages initiatiques et intenses, portant sur cette terre et ses hommes un regard singulier et pénétrant, donnant ensuite de l’Empire du Milieu, dans des œuvres comme René LeysStèles, une vision juste et profonde. En ce sens, il a bien été un de ces « passeurs de culture », un de ces «pèlerins de l’Occident», auxquels l’académicien François Cheng rend un vibrant hommage.

Le plus remarquable, dans cette approche de la Chine, c’est la modernité de son regard, radicalement différent de l’exotisme de ses contemporains. Pour Victor Segalen, au contraire, «un voyage au loin n’est au fond qu’un voyage au bout de soi-même». Vivant en Chine lors de la chute de l’Empire mandchou, il est témoin du déclin et de la désagrégation d’une civilisation millénaire, qui appelle précisément à un retour vers ce qu’il y a de plus central. Le poète se propose alors de remonter, en compagnie des Chinois, aux sources même de leur civilisation, au «milieu» et au cœur de leur identité.

Parfaitement conscient du danger que représente cette illusion de l’étrangeté radicale du monde chinois, Victor Segalen avait déjà ressenti le manque d’un outil institutionnel, une «Fondation sinologique», susceptible de mieux faire connaître la Chine à l’Europe et réciproquement.

En ce temps de mondialisation, marqué par le développement d’une culture dominante et le danger de l’uniformisation, cette démarche semble si pertinente qu’une initiative s’est imposée : la création d’une Fondation Victor Segalen, qui reprenne à son compte la vision qu’a eue, il y a un siècle, l’écrivain.

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